Vincent est le premier héros de Tim Burton, et c'est un hommage à Vincent Price (acteur de films d'horreur) et à Alan Edgard Poe, les idoles du cinéaste. Vincent est un garçon de 7 ans qui se laisse dépérir, miné par ses angoisses et ses visions terrifiantes. Il préfère les créatures sombres de son imagination que les jeux d'enfants. Ce film est raconté en voix-off, avec un ton grave d'acteur shakespearien. Ce personnage est tout droit inspiré de la psychologie et du look de l'auteur: renfermé, mélancolique et échevelé.
"Les films frappent à la porte de nos rêves" Tim Burton
"Les films frappent à la porte de nos rêves" Tim Burton. C'est sûrement grâce à cette simple phrase qu'on peut comprendre tout l'univers de Tim Burton. Ces personnages sont tous aussi étrange et atypique, comme s'ils étaient tout droit sorti d'un rêve (ou d'un cauchemar...). On verra que la plupart de ces personnages sont des masques, souvent autobiographique, au moins intimement personnels.
dimanche 8 mai 2011
Frankenweenie
L'idée de Tim Burton est de partir d'une histoire toute à fait banale: un enfant qui réalise des petits films pour jouer, avec son chien. Mais son chien se fait renverser et meurt sur le coup. Sauf que Tim Burton est le réalisateur de ce court métrage, et que bien sûr cette histoire ne peut pas se terminer comme ça.
Le petit garçon, Victor, va réanimer son chien Sparky inspiré par un cours de science. Il y a une atmosphère morbide dès la résurrection du chien, tout devient macabre et plus sombre. Tout est repris du film de Frankenstein, même le noir et blanc qui ajoute une touche gothique au film. Tim Burton va transformer quelque chose de tout à fait banal en film d'horreur. Il va même en faire une critique de la peur de l'inconnu, et qu'il ne faut pas se fier aux apparences: Sparky même avec plein de cicatrices, reste le même. Ce thème sera repris avec Edward aux mains d'argent, tout comme la scène finale avec la chasse à l'homme/au chien.
L'étrange Noël de Mr Jack
Jack est un épouvantail, roi du village de Halloween. Il s'ennuie et un jour où il se balade avec son chien fantôme Zero, il découvre le village de Noël et décide de prendre la place du Père Noël pour le 24 Décembre. Sauf que les habitants de Halloween ne comprennent pas du tout ce qu'est Noël et font de cette fête un vrai cauchemar, que Sally (amoureuse de Jack) et le Père Noël vont sauver.
Jack est en réalité un personnage incompris (sauf par Sally), qui passe facilement de la mélancolie liée à sa lassitude à la joie de découvrir le monde de Noël. Il sait aussi être terriblement effrayant, mais il a toujours le souci de bien faire ce qu'il entreprend.
Sally est sans doute le personnage le plus sensé du film L'Etrange Noël de Monsieur Jack. Elle s'inquiète beaucoup pour Jack,qu'elle est la seule à véritablement comprendre, et sent venir le danger lorsqu'il prépare une fête de Noël. Elle l'aime secrètement et veut le protéger. Ce n'est qu'à la toute fin du film que Jack comprendra que Sally voulait le protéger, et viendra la prendre dans ses bras pour l'embrasser.
Le Père Noël habite Christmas Town, la ville de Noël. Il est le maître d'oeuvre de la fête de Noël, décidant quel enfant a été sage et mérite de recevoir un cadeau. Il est assisté par des centaines de petits lutins qui confectionnent les jouets. Lors de sa visite de Christmas Town, Jack aperçoit quelques instants l'ombre du vieil homme à la barbe blanche et au manteau rouge, mais ne comprend pas bien son nom et le renomme le "Perce-Oreille".
Tous les personnages de ce film sont tous aussi loufoques les uns que les autres, mais ces trois là sont les plus importants de l'histoire...
Les Batmans
Tim Burton, avec ses deux volets de Batman, va complètement renverser les codes du super héros. Batman va être vu comme un tueur, et le Pingouin en homme bien. Le déguisement permet de faire surgir le côté bestial de chaque personnages, le déguisement éloigne de la norme.
Dans Batman, le chevalier des ténèbres, Batman est tourmenté, et presque schizophrène, mais reste tout de même fidèle à Kane. Il possède une psyché déchirée, une personnalité dédoublée et quasiment aliénée. Il y a dans ce film un sentiment de cloisonnement, de refoulement, un retrait dans l'ombre. Batman est donc un super héros complexe et fascinant. Son costume est un vrai masque, qui veut effrayer autant qu'il est effrayé par le monde extérieur, ses origines, ses ennemis. Son costume est une sorte de médicament, ou de drogue, qui le sauve de lui même.
Le Joker a une place démesurée dans ce film, il est très extraverti, totalement à l'opposé de Batman. Il devient la lumière folle du film. Il est le super vilain le plus « m'as tu vu » du cinéma récent, grâce à sa folie et sa démence.
Dans Batman returns, la dualité de Batman continue, et il penche de plus en plus vers le côté sombre. Il est solitaire, et ne sort que pour affronter en duels singuliers, des personnages désorientés obsédés par la folie, tout comme lui. Catwoman revient de la mort grâce aux chats, et revêt un costume en PVC. Elle a une image sadomasochiste et féministe, elle est séductrice et maléfique. On voit que sa résurrection lui a donné une pâleur de cadavre, et que ça va provoquer chez elle une descente aux enfers. Le Pingouin est un enfant monstre abandonné dans les égouts, qui va être élevé par des pingouins. La carapace et le maquillage va révéler toutes les difformités, un passé, une histoire. Ce sont des animaux – humains.
Edward aux mains d'argent
Edward est un personnage qui a des ciseaux à la place des mains: c'est une idée d'enfance de Tim Burton, issus d'un dessin qu'il avait fait depuis longtemps. Edward est un garçon non fini, pâle, totalement fabriqué par un inventeur (joué par Vincent Price, idôle de Tim Burton). Il est quasiment muet, on a l'impression qu'il est toujours au bord des larmes, avec un regard vitreux, il ne sourit jamais. Il est un être simple et émotionnel, qu'on cherche absolument à le faire entrer dans un cadre, en cachant ses cicatrices et sa combinaison de cuir. Grâce à ses dons artistiques (tonte de haie, coiffeur pour toutou et enfin coiffeur pour dame), il devient rapidement une mascotte, qui va finir par créer de l'envie, et qu'on va lyncher à la fin. Seul Kim le comprendra, la seule qu'il va aimer, et la seule pour qui il fera tout. Il ne peut pas toucher quoi que ce soit sans le détruire, alors il va séduire Kim en faisant ce qu'elle désire (cambriolage), se montre attentionné. Il est loin d'être simplet ou idiot, il est très clair-voyant, et ne se laisse faire que par amour pour Kim. Son histoire est raconté sous forme de conte de fée, revisité par la violence de la société urbaine contemporaine.
Edward est un mélange entre innocence est monstruosité, c'est un personnage totalement hors norme, que Tim Burton va mettre en contraste avec une banlieue calme et pastelle, où chacun à ses propres habitudes. Tim Burton va faire ressurgir les plus séduisantes et terribles difformités, et le bonheur sur-joué va faire apparaître les monstres. Comme quoi, les apparences sont trompeuses, et ce n'est pas celui qui fait peur qui est le méchant. Edward est un personnage complexe, beau et terrifiant. Cette histoire n'a pas de happy end, Edward retourne vivre seul dans son château, rejeté par la population.
Charlie et la chocolaterie
C'est l'histoire d'un petit garçon pauvre qui gagne un ticket d'or pour visiter la secrète usine de confiserie.
Willy Wonka est un créateur débridé, reclus, et envié à cause de ses fabuleux chocolats. Dans son jeu, Johnny Depp est à la limite de l'expressionnisme. Il est complexe, magique, facétieux, inquiétant. Il est malheureux, il vit seul, il est hanté par son enfance, traumatisé par son dentiste de père, qui ne l'a jamais laissé manger un bonbon ou un chocolat, et qui provoque chez Willy Wonka un blocage: il ne peut même plus dire « famille » ou « papa ». Il a une phobie du contact avec les autres, c'est d'ailleurs pour cela qu'il a des habits excentriques, ainsi que des gants, et qu'il vit reclus dans son univers, ses folies et ses inventions. On remarque qu'il a toujours un visage enjoué, enfantin, souriant, mais qui reste figé en une grimace permanente, à cause de son angoisse face aux autres. Il est généreux, et enfantin, fier de montrer à quelque personnes ses inventions, et léguer son usine au plus méritant. Sa fantaisie débridée, liée aux noirs mystères de son passé, font qu'il est le chef d'orchestre d'une usine, qui se trouve être à la fois son royaume, mais aussi sa prison.
Grâce à ce film, Tim Burton explore les relations familiales, et critique la société de consommation.
Sleepy Hollow
Ichabod Crane vient de Manhattan, il est inspecteur, et ne croit qu'en la science, il est très rationnel. Ses cicatrices aux mains sont des souvenirs sanglants de son enfance, qui ressuscite dans ses cauchemars où il voit sa mère assassiné par son père puritain. Il est amoureux de Katrina Van Tassel. Il apporte une touche comique à cause de ses quelques maladresses et ses gadgets loufoques inventés par lui même. Il est d'autant plus drôle car il doit faire ses preuves, quitter son air candide pour enfin devenir un adulte susceptible de se marier et avoir des enfants. Chose difficile car en présence des femmes, et en particulier Katrina, il est très craintif: par exemple la scène où il se cache sous sa couverture lorsqu'elle entre dans la chambre. De plus, on remarque que les femmes du village ne sont pas passives, et ne se soumettent pas à la puissance patriarcale: elles agissent de leur côté. Ichabod est le digne héritier des personnages de Tim Burton, en résolvant une série d'énigmes macabres et fantastiques. Il y a une coexistante entre les méthodes scientifique et le surnaturel. Ichabod est névrosé, réservé, paraît très timide, il est juvénile, et impulsif. Pour un héros, il n'est pas du tout viril, et mêle le rire à la terreur. Ichabod, lorsqu'il essaie de montrer la vérité à ses supérieurs, ressemble beaucoup à Tim Burton qui se bat contre Hollywood. Il est donc un personnage lié à son créateur.
Les noces funèbres
Histoire: Une jeune fiancée assassinée avant son mariage va hanter la vie d'un futur conjoint qui la réveille par hasard.
Victor: On remarque la reprise de Vincent, en plus âgé. Il doit épouser une jeune femme qu'il n'a jamais vu. On voit qu'il n'est jamais à l'aise, sauf quand il est seul dans sa chambre au tout début du film, ou lorsque tout est enfin revenu dans l'ordre à la fin du film. Lorsqu'il rencontre Emily il va être effrayé, puis il va y avoir une sorte d'acceptation du cadavre, voir même un désir. Il est mélancolique, désespéré, angoissé, et nerveux.
Victoria: pâleur de cadavre, amoureuse dès le premier regard de Victor. Rigide, elle a une petite voix, ne se réjouie que très discrètement, mais garde une douceur permanente.
Emily: A moitié décomposée, elle est liée à sa robe de mariée. Elle est l'image du désir, elle est très érotisée avec le rouge à lèvre, et sa jambe voyante par sa robe fendue. Très vivante pour une défunte. Elle « chante » la beauté des morts. Elle progresse vers la femme idéale. Elle vole la vedette aux deux autres personnages. Elle se doit d'être plus belle que les vivants, et représenter le monde des morts comme coloré, joyeux, musical, festif. Un peu excentrique « fofolle ».
Tim Burton, grâce à ses personnages, va montrer que la mort n'est pas une fatalité, et qu'elle peut être beaucoup plus joyeuse que le sombre monde des vivants. Il montre un monde sans limite, où il n'y a pas de contrainte, pas d'histoire d'argent, que du plaisir.
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